13 juillet 2025 - Trail des Passerelles du Monteynard

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"Un matin, l'un de nous manquant de noir, se servit de bleu : l'impressionnisme* était né."

Pierre-Auguste Renoir, Peintre

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* Impressionnisme : mouvement pictural apparu visant à représenter le caractère éphémère de la lumière et ses effets sur les couleurs et les formes.

Ce n'est pas une impression, ce n'est pas un sentiment éphémère, ce n'est pas un mirage, mais bien un éclat de beauté, de pureté, d'azur qui vous ébloui chaque fois que vous osez lever les yeux pour quitter du regard un instant la racine qui guette votre cheville, ce caillou qui guette votre talon, cette branche qui guette votre joue. C'est un spectacle incroyable qui vous marque, que ce lac de Monteynard-Avignonet, et ses deux passerelles himalayennes perchées entre 45 et 85m de haut selon la hauteur du lac de barrage. Cette une retenue d'eau artificielle alimentée par le Drac et l'Ebron dans le département de l'Isère alimentent une centrale hydro-électrique EDF depuis 1962.

C'est en 2008 que le site entre dans l’histoire avec la construction des passerelles himalayennes uniques sur le continent. Ces ponts suspendus au-dessus de l’eau turquoise permettent de franchir le Drac et l’Ébron et, ainsi, de relier Trièves et Matheysine. La Passerelle du Drac mesure 220 m de longueur, la Passerelle de l’Ébron s’étire sur 180 m. Elles enjambent le lac de 45 à 85 m selon la hauteur des eaux également entre 45 et 85 m au-dessus de l’étendue scintillante au soleil.

Ce lieu est magnifique et très sympa à visiter : barrage, passerelles, petit train de La Mure, La mine Image, Pierre percée, Grand Balcon, le Sénépi, ... [Promis, je n'ai pas d'action à l'office du tourisme d'isère, ni chez EDF, mais allez voir ce petit coin de France, vous m'en direz des nouvelles].

https://trail-passerelles-monteynard.fr/info-pratique/originalite-du-tpm/

Trois masters 1 avaient une bonne raison d'y aller faire un tour avant la fête nationnale : le Trail des Passerelles du Monteynard (TPM). Crée à l'initiative d'EDF en 2012, ce trail organise en 2025 sa 14ème édition avec 10 distances sur 2 week-ends à suivre. De quoi s'éclater, au sens propre et figuré.

Cette année, l'ACHV Nouvoitou avait envoyé de façon non concertée 3 traileurs affutés comme jamais : Sandrine sur le Trail de l'Ebron (16km 750D+), Thomas sur le Maratrail (40km 2150D+), Stéphane sur le Grande Course (63km 3000D+). Sandrine et Thomas découvraient les lieux, Stéphane avait déjà testé le trail de Côte Rouge (27km 1300D+) et le Trail de l'Ebron sur l'édition 2024.

Pour faire simple :

• Le trail de l'Ebron part de la base nautique de Treffort, va passer la passerelle de l'Ebron après 5km, puis revient par le pont de Brion, monte au 1er ravito et sur les flancs de Côte Rouge en face du Sénepi, avant de se farcir une descente de malade où tu donnes ce qui te restes s'il t'en reste, vers la base nautique de Treffort.
• Le Maratrail part de la base nautique de Treffort, va passer la passerelle de l'Ebron après 5km, puis passe la passerelles du Drac après 5km bien piquant, et enchaine, une belle montée au Sénépi de 10km et 1000D+, puis une belle descente technique par l'autre face du Sénépi, avant de rejoindre le pied et refaire en sens inverse les 10 derniers km, repassant ainsi les 2 passerelles.
• La Grande Course part de La Mure, en Matheysine pour revenir en Trièves, mais pas directement, après un petit détour par la mine Image (1er ravito) avec un passage sous terre, une montée vers la pierre percée et un passage à travers cette belle pierre, puis Monteynard (2nd ravito, 26km et 1200D+ de fait) et le passage aux balcons panoramiques avec vue sur le barrage, puis entame la montée vers le Sénépi, par l'autre face, 1250D+ de montée (12km), pour retrouver à 2km du sommet le tracé du maratrail, et ainsi attaquer la descente très technique, les 2 passages de passerelles, et le retour à Treffort.

On notera encore une fois que nous avons 100% de finisher, 100% de sourire à l'arrivée et 100% de traileurs fier d'avoir portée sur le dos et sur la feuille des résultats les couleurs et les valeurs de l'ACHV Nouvoitou.

Sensations d'après courses ? car avant, ça

Sandrine :

Pour commencer un spot incroyable avec le lac et la vue sur le Sénepy.
J'ai eu un départ un peu difficile avec la chaleur qui lui m'a fait un peu peur car le cardio est monté aussi vite que le parcours mais je me suis rappelée des conseils lors de la prépa. J'ai ralentie le rythme, fait des plus petites foulées en côte et visé le 1er ravito. Beaucoup de solidarité avec les autres coureurs. Puis après le 1er ravito, la sérénité est revenue pour aborder la 2ème partie et la descente raide et technique jusqu’à l’arrivée. Beaucoup de plaisir dans cette dernière partie avec de très belles sensations jusqu’à l’arrivée et le grand shoot de bonheur en passant la ligne.
 

Thomas :

La préparation avait été un peu hachée donc je ne partais pas avec beaucoup de confiance mais par contre une envie de finir à tout épreuve. J’ai fait presque toute la course avec un ami jurassien qui m’avait déjà accompagné sur le GR20 l’année dernière. Départ à petite allure pour prendre la température de la course puis après le 1er ravito on commence l’ascension du senepi. Quel kif, j’adore grimper surtout quand la pente s’élève. L’arrivée au sommet est magnifique avec la vue sur le lac, un passage de crête toujours sensationnel… puis la descente. La partie que je redoutais le plus. Mon ami qui a l’habitude de descendre le massif jurassien commence à me distancer mais je m’accroche. J’essaye de le garder en vue et au fur à mesure je prend confiance et raccroche le wagon. La fatigue commence à se faire sentir à la fin de la descente mais les crampes ne viennent pas alors je repars dans les singles entre les deux passerelles. Passage assez technique mais l’arrivée se rapproche, on n’oublie pas de se rafraîchir sur les derniers ravitos. Les spectateurs et les encouragements qui vont avec augmentent, les jambes se mettent en mode automatique pour profiter de l’ambiance et passer la ligne d’arrivée avec le sentiment d’une aventure accomplie.
PS: Leçon à retenir : il va falloir se mettre aux bâtons

Stéphane :

Quelle expérience incroyable. J'ai fait la course que je voulais. Pas parfaite, des détails à peaufiner, mais quel pied. Grisant. Course en costaud, avec un bon physique qui répondait et un mental boosté par les amis, la famille et les amis de Nouvoitou - ACHV. Quel soutien.

C'était mon 2nd gros objectif de l'année apres le 60km 1300d+ de Ultra Tour des Côtes d'Armor en février. 5 mois de prépa préparé aux petits oignons avec Fred , et adapté au fur et à mesure. Je te le dis à chaque fois, mais Merci. Avec quelques trails d'approche dans cette prépa : 42km TKB - Trail du Kreiz Breizh, 64km Apirun Défi Infini, 34km Trail de Guerlédan, et 840kms de prépa pour avaler du volume et du D+.

Le 13/07, dans un Airbnb à La Mure, le reveil sonne à 3h45. Mon frère qui fait le maratrail, et moi avons la tete dans le c... Ca allait mal commencé, rendant à Dame Nature ce qu'elle avait créé : j'ai vomi mon petit dej à 2 reprises à 4h45 en m'echauffant. Echauffement écourté à 1km à peine. Départ 5h. ~800 partants. J'étais dans le fond du sas de départ en une vague. Départ à la frontale pour 1h de nuit environ. Je suis en autonomie totale donc j'ai l'impression d'être un sherpa en mission vers l'Evrest avec les poumons en moins, et le petit dej' en moins aussi du coup.

Il annoncait canicule. Finalement c'est couvert, orageux, ca tonne. Pluie de 6h à 7h bien comme il faut. Et j'ai pris mon rythme. J'ai suivi les horaires que j'avais en tête. J'avais beaucoup visualisé la course et je commence à me connaître : 2h au 1er ravito de la Mine Image acceuilli par un parcours dans la mine avec du D+ sous terre , 4h de course à Monteynard au 2nd ravito (26km 1250d+). Déjà un bon bout de fait. C'est là que j'avais decidé de prendre sur le devant de mon sac ce que j'avais mis comme alimentation dans l'arrière de mon sac. J'opère le switch. Je décide aussi de repartir avec les 4 flasques de 500ml pleine car on attaque la montée du Senépy et le prochain ravito est au km35.

Apres 6min d'arrêt (le plus long, les autres sont <3min d'après ma montre) je repars dans une portion qui me convient : une montée de 12km 1250d+ pour 3h30 de montée à quasi 1800m au sommet. J'ai eu un gros coup de mou à 6h30 de course, sortie de forêt dans la montée, à découvert dans les prairies d'altitude, plein soleil, au milieu des vaches. Dur dur. Mais je serre les dents : "la douleur n'est qu'une information" m'a une jour dit Vincent G. et ca me sert beaucoup. A nous de la transformer en ondes positives.

7h30 de course en haut du senepy. J'ai fait une sacré montée, j'avais du gaz. Les batons ont bien aidés.

J'attaque la descente sans tarder. Il y a un ravito 3km après. La descente pouahhh je croyais faire les 10km de descente en 1h max et enchaîner pour finir les 15 derniers kms. Mais j'ai rapidement vu que les chemins ne ressemblaient pas à ceux de la montée. C'était hyper technique et très très pentu. Des passages à la corde. J'avais les jambes mais c'était dur, ca tapait fort. J'ai en plus rattraper l'arrière du peloton du maratrail 40km et c était chiant de doubler car les gens ne jouaient pas trop le jeu. Alors j'ai pris mon mal en patience. Ca m'a remonté le moral de doubler un peu.

Après avoir serré la main de Erik Clavery et l'avoir félicité pour son record du GR34, j'arrive en bas de la descente au dernier ravito avant les passerelles. A force de se mouiller aux jets d'eau, le nok a coulé et j'ai quelques irritations qui me piquent entre les jambes. Mais je serre les dents. La douleur n'est qu'une information.

J'ai souffert entre les 2 passerelles. 5km 300d+ autour du 55eme km. Dur dur avec la chaleur à 15h de l'aprem. Je ne pensais pas que cette portion allait être difficile. Fred l'avait pressenti en lisant le profil de course et me l'avait dit, alors j'ai serré les dents et je me suis concentré sur mes gestes : le planté de batons Monsieur Dusse, éviter les racines, bien poser les pieds, et avancer, avancer. Toujours avancer. Je lead un groupe sur 3km, ca rebooste, personne ne double, donc tout le monde est cuit.

Je tente de finir fort du moins de ce que je peux dans le moment pour faire moins de 11h, mon objectif.

Je fini avec mon neveu qui m'attend pour faire les 300 derniers mètres.

Ligne d'arrivée. Je laisse évacuer les larmes d'un gars qui a été se chercher ce qu'il etait venu chercher : un bel effort, une belle balade, une fierté, de la reconnaissance de ses amis et copains, sa famille, sa chérie, son fils. Les émotions remontent et mon neveu se demande bien ce qu'il lui arrive à Tonton. Faire tout ca pour chialer comme une merde sur la ligne d'arrivée .

Je crois que j'ai fait la course que je voulais. Organisation de course au top. Alimentation nikel. Matos parfait. J'ai fait une belle remontada depuis le 1er ravito. C'était grisant. Je commence à bien mettre des choses en place. C'est de bonne augure pour le FESTIVAL DES TEMPLIERS en octobre même si ca sera une autre affaire (80km 3550d+). Va falloir muscler encore. "Muscle ton jeu Robert".

Merci aux copains ACHV. Vous m'avez porté. Rdv au prochain épisode. Place au repos. J'en ai besoin pour revenir plus fort.

FAQ :

Est-ce que ça bouge sur les passerelles ? Oui, on ne peut pas dire que c'est stable comme la terre ferme, mais c'est acceptable, et même pour quelqu'un qui a le vertige

Quelle est la durée moyenne de la traversée des passerelles ? c'est très court, il faut en profiter. Mais on n'a pas le droit de courir sur les passerelles. On peut ainsi prendre le temps d'admirer et de filmer, si bien entendu on n'a pas les main accroché aux filets de sécurité

Peut-on s'inscrire sur plusieurs trails ? Oui, mais il n'y a pas de défi proposé. Il faut donc s'inscrire sur chaque, ce qui multiplie les frais d'inscription, en même temps que le plaisir et les cadeaux finishers [l'an dernier, j'ai eu 2 paires de chaussettes]

Est-ce un trail qui vaut le coup ? toujours pas convaincu ? voici un résumé vidéo